Carte blanche signée par des professionnel.le.s belges de la culture, œuvrant à l'international, adressée au gouvernement belge
Nous, travailleuses et travailleurs belges de la culture, ambassadeurs de notre pays et de nos communautés à travers le monde, nous refusons de représenter une Belgique qui par son immobilisme et son silence, permet des situations qui aboutissent à la mort sociale et aux dépérissements d’êtres humains.
Dans l’église du Béguinage et dans les réfectoires de l’Université libre de Bruxelles (ULB) et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) des personnes ont décidé de cesser de se nourrir depuis assez de temps pour que cela leur devienne fatal.
Elles sont 430 qui très objectivement mettent en danger leur vie.
Ce qu’elles attendent ? Que le vide juridique qui les condamne à de très nombreuses années d’attentes (parfois plus de 15 années) se comble et qu’elles puissent être enfin régularisées. Cette situation insupportable les a conduits sur un chemin qui devient jour après jour un cul-de-sac mortel.
Comment pourrions-nous continuer de parler du monde sur une scène, de faire sens, de divertir ou de créer du lien social et citoyen, alors qu’au cœur de notre pays des personnes se battent avec la seule arme qui leur restent, leur propre vie ?
Comment pourrions-nous encore continuer de dire que nous sommes des artistes et des technicien.nes belges ? Comment être fier de ce que nous sommes ? Comment ne pas avoir honte de notre pays et de la violence informe qu’il peut produire lorsqu’il s’agit de régulariser des personnes que le droit ignore ?
Nous demandons avec force, avant que le drame s’ajoute au drame, que notre gouvernement prenne la mesure de son impassibilité administrative.
Nous exigeons qu’une réponse intelligible et cohérente soit donnée par celles et ceux qui décident à celles et ceux qui ont engagé et risqué leur vie.
D’ici là, nous, artistes et travailleur.ses de la culture, qui portons des spectacles et des œuvres à l’étranger, refusons d’être les représentants de notre pays et déclarons que ce qui se fait dans le silence volontaire d’une politique inhumaine ne se fait pas en notre nom.